Depuis l’explosion de la fin des années 90, combien y a-t-il eu de fausses accusations d’abus sexuels en France ? 10 000 ? 100 000 ? Et dans l’ensemble des pays développés ? 1 million ? La liste que nous essayons de tenir à jour, qui se limite aux liens francophones, n’en donne qu’une minuscule idée, car au final peu d’affaires arrivent dans les médias, si ce n’est celles qui suscitent une forte émotion ou se terminent par un procès. La plupart n’y arrivent jamais : celles qui s’achèvent par un classement sans suite, celles qui donnent lieu à un procès auquel n’assiste aucun journaliste, celles se terminent par la condamnation d’un innocent et ne passent donc pas pour "fausses", etc. Cependant, nous continuons cette liste, car elle est très reproduite sur les réseaux sociaux, et
de nombreux mis en cause nous disent qu’elle leur a donné du courage, car ils se croyaient être les seuls à subir ce type de violence (ce qui en dit long sur le niveau d’occultation !).
http://www.la-cause-des-hommes.com/spip.php?article313
Donc, après des milliers d’épisodes dramatiques, après Outreau (une des rares affaires dont se souvienne le public), après surtout la Commission de réforme qui a suivi Outreau et qui devait améliorer les choses, l’affaire de Genlis nous incite à penser que rien n’a vraiment changé.
En effet, un juge d’instruction s’est autorisé à mettre un homme en examen pour viol, dans la foulée de la garde à vue :
- sans antécédents judiciaires
- sans aveux
- sans preuve (il y a preuve du viol, mais pas de l’identité de son auteur, en particulier pas de traces ADN sur vêtements)
- sans témoin (à l’inverse, la collègue qui l’a accompagné toute la journée a témoigné de la quasi-infaisabilité du crime).
Ce juge s’est fondé exclusivement sur la parole d’une fillette de 4 ans. Cette parole est respectable et doit être entendue, mais le moins qu’on puisse dire est qu’elle est sujette à caution, fragile, manipulable. Sans confirmation par d’autres données, elle ne justifie en rien les mesures prises. D’autant plus qu’il ne s’agit pas de simples mesures de précaution, révisables en cas d’avancées de l’enquête. Il s’agit de mesures destructrices, génératrices de traumatismes et de conséquences désastreux, sur lesquels on ne peut revenir :
- traumatisme d’un séjour de 4 mois en prison, assortis des agressions que les détenus infligent habituellement aux présumés pédophiles ;
- traumatisme ensuite de l’exil forcé par rapport à sa famille (déjà 3 mois), et traumatisme symétrique de celle-ci ;
- perte du salaire (déjà 5 mois)
- discrédit professionnel, dont il reste toujours quelque chose, même après une complète réhabilitation (dans quelles conditions pourra-t-il retravailler ?)
Autrement dit, Eric P. a déjà subi une condamnation et effectué une peine, en dehors de tout procès, que les compensations financières qu’il recevra ne répareront en rien. Mais, plus extraordinaire encore, même s’il a stoppé la détention, le juge a maintenu les autres mesures alors qu’émergeait une preuve (qu’il souhaite confirmer, et il a raison) et donc une suspicion beaucoup plus solide, sur un membre de la famille de la fillette.
Il y a là une véritable vision du monde, obscurantiste ("tout homme accusé de méfaits sexuels est forcément coupable"), doublée d’un farouche entêtement à ne pas revenir sur ses erreurs.