ENTRETIEN. " Du soulagement, mais quelle déception " accusé à tort du viol d’un enfant, l’enseignant Eric Peclet réagit
Diffusé le 05/03/2021
Source : France 3 Bourgogne Franche-ComtéLe reportage de Gabriel Talon et Rodolphe Augier :
Cela se termine comme je le redoutais. Au tout départ de l'histoire, je me disais " il faut absolument que la vérité éclate, que l'on sache ce qui s'est passé ". Je me disais, " ça ne pourra passer que par là pour que je sois totalement innocenté des soupçons qu'on a pu porter sur moi ". Tout au long de l'affaire finalement, des craintes sont arrivées à ce propos et je me suis dit, " est ce que réellement tout va être fait pour avoir la vérité? " Et en dépit des éléments qui sont très forts dans le dossier cela arrive à un terme que je redoutais.
Ce qui comptait pour moi, c'est déjà d'avoir la vérité, de savoir ce qu'il s'est passé. Pour moi il y a un fou qui réside dans cette affaire et il y a l'idée qu'il y a une enfant au milieu de tout ça qui a été agressé. Il a été attesté d'avoir été agressé. Si on avait pu aller au bout de cette affaire avec des réponses et la certitude que l'enfant est protégé, je me serais dit " tout ce que l'on a eu à endurer de mon côté, du côté de ma famille, aurait eu du sens " . Mais là, je n'ai pas cette sensation. J'ai l'impression que ça se termine sans vraiment avoir une raison. En fait, on a enduré tout ça un peu pour rien.
Dans les premiers temps de l'affaire, pendant les premières années, je me disais qu'il était hors de question que l'on arrive au bout de cette affaire sans avoir eu la vérité. Qu'on se battrait. En fait, il faut reconnaître que les années qui passent nous usent. Il arrive un moment où on finit par se dire que cela va maintenant être le boulot des associations de protection de l'enfance. Cela ne va plus être mon combat. J'ai quand même beaucoup de soulagement... mais quelle déception quand même... Quelle déception d'en arriver là.
J'aspire à retrouver de la paix, à passer à autre chose. C'est vrai que ça use la justice, la façon dont on traîne dans la longueur, la façon dont les choses nous paraissent faites de manière illogique. À un moment, on a envie que ça s'arrête. On n'a pas envie de traîner ça pendant dix ans. Donc il y a d'abord du soulagement, mais une fois de plus, quelle déception.
Est-ce que le probable non-lieu qui pourrait intervenir peut vous aider à passer à autre chose ?
En tout cas, c'est ce qu'on espère. Plus le temps passe, plus c'est douloureux, plus on a envie d'y mettre une distance. Je pense que retrouver une vie c'est possible parce que je m'en aperçois. Il fut un temps où je me suis dit " un après ne sera pas possible ". Quand on était au coeur de cette violence, je me disais " de toute façon ce n'est pas possible de retrouver une vie après quand c'est violent à ce point là. On ne peut pas ". Finalement je m'aperçois, avec les années qui ont passé, que la vie reprend, heureusement. J'ai une formidable famille, on est resté unis, et tout ça aide à poursuivre. Donc oui je suis confiant, je me dis avec cette histoire terminée, la vie va pouvoir reprendre. Par contre, c'est sûr qu'il y a plein de choses qui ne seront plus comme avant, c'est évident.
Dans quelques semaines, la justice pourrait nous dire qu'il y a bien eu un viol mais qu'elle n'a pas réussi à déterminer qui était l'auteur. Si cette décision vous est notifiée, qu'aimeriez-vous dire au procureur ?
J'aimerais comprendre franchement, même si il y a des raisons, peut-être peu avouable. Tel que je connais le dossier, c'est incompréhensible. On a des éléments comme jamais on en a eu dans une affaire pareille. Donc, la seule chose que j'aimerais, c'est comprendre les motivations, mais les vraies motivations. Si j'avais des éléments qui me permettent de comprendre les décisions de justice dans cette affaire, cela m'aiderait à tourner la page.
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