La machine infernale de l’erreur judiciaire, stoppée dans l’affaire d’Eric P. l’instituteur de Genlis
Source : Action Justice Roland Agret
Lorsque, dans une affaire pénale criminelle, les apparences initiales, font porter l’accusation sur une personne, que celle-ci à été mis en examen et en détention, la machine policière et judiciaire, telle un TGV dans une grande ligne droite, est lancée à plein régime.
Alors, même que cette personne, n’est pas l’auteur des faits poursuivis, il s’avérera toujours, extraordinairement difficile de stopper cette marche en avant, trop souvent inarrêtable, quasi inexorable, souvent vers la condamnation.
Bien qu’il n’était pas avocat, notre regretté ami, Roland AGRET, lors de ses multiples combats, contre l’erreur judiciaire, avait lutté, une grande partie de sa vie, avec la ténacité qu’on lui connaissait, contre ce phénomène redoutable et redouté, d’une institution judiciaire, lancée à toute vitesse, qui ne sait généralement pas stopper sa marche et revenir en arrière.
Or, dans l’affaire de M. Eric P, l’instituteur de Genlis, mis en détention le 17 novembre 2016, pour le viol d’une enfant de quatre ans, un rebondissement, majeur et total, intervenait le 23 mars 2017.
A cette date, les résultats d’une expertise génétique tombaient. Non seulement l’ADN de Monsieur P. ne se trouvait pas sur la culotte que portait la malheureuse petite victime le jour des faits, mais l’expert judiciaire relevait : deux tâches de grandes dimensions, mélangées l’une dans l’autre, situées, à l’endroit du sexe de la victime.
L’une de sang, qui provenait du viol, l’autre de sperme, alors que ce sperme analysé, dénonçait l’ADN d’un proche de l’enfant. Ces preuves scientifiques idéales et accablantes, firent que Monsieur Eric P, fut alors libéré.
Cependant, plusieurs mois s’écoulaient, sans que celui à qui appartenait ce sperme, ne soit inquiété. D’autre part, le malheureux professeur des écoles, lui, restait, encore et toujours, mis en examen pour viol.
Fort heureusement, l’arrêt du 15 novembre 2017, de la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Dijon, mettait un terme, à cette terrible injustice.
Avec cet arrêt, était anéantie, la mise en examen, d’Eric P. ,pour le viol de l’enfant victime. Désormais, les magistrats de la cour d’appel, ont reconnu que plus aucune charge grave et concordante ne pesait sur Eric P. Et il était admis au statut de témoin assisté.
Hommage doit-être rendu, à la clairvoyance. des conseillers de la chambre de l’instruction, qui ont su très justement, apprécier, que ce dossier, s’orientait vers une fausse voie, vers un faux coupable, vers une fausse vérité.
Les dégâts sont cependant irréparables. Comparables à ceux crées par un terrible accident de la circulation, avec une incidence psychologique bien plus importante.
Eric P. innocent, jeté en prison, livré au mépris à opprobre, suspendu de l’éducation nationale, a déclaré très justement : «On m’a volé ma vie ». Et c’est un euphémisme. Son épouse est dévastée. Sa famille durablement affectée. Ses amis profondément bouleversés.
Hommage doit également lui être rendu. Eric P a su, alors puiser, par son courage, tout ce qu’il avait de plus fort et de meilleur, en lui, afin de sauver son honneur bafoué, celui de sa famille. Il a su lutter avec une force insoupçonnée, pour faire admettre la vérité. Formidablement aidé, en cela, par son épouse pleine de courage, sa famille révoltée, son comité de soutien proche de deux cents personnes, chaque jour plus actif.
La presse, très justement, émue, par de telles circonstances dramatiques, effectua un travail rigoureux, objectif sérieux et équitable.
Cela a notamment permis d’aller plus loin, plus vite sur le chemin de la vérité.
Bien que l’innocence d’Eric P ait été admise, bien qu’il doit encore se battre de toutes ses forces et peut-être longtemps encore, pour la faire admettre totalement et bénéficier enfin d’une décision de non lieu, la vérité due à l’enfant victime, la vérité due à la société, elle, reste encore à conquérir.