Source: Le Bien Public
Fillette violée sous son toit : l'Etat condamné pour déni de justice
Karine J. était régulièrement livrée à un "ami" pédophile par ses parents. Elle accuse l'Etat de ne pas l'avoir assez protégé, malgré plusieurs signalements.L'Etat a été condamné pour déni de justice ce lundi dans l'affaire de maltraitance de Karine J. qui a porté plainte pour faute lourde. Enfant, la jeune femme de désormais 21 ans a vécu un enfer.
Le tribunal de grande instance de Paris a jugé que l’action la jeune femme pour faute lourde était prescrite, mais a condamné l’agent judiciaire de l’Etat à lui verser 12 000 euros en réparation du préjudice subi au titre du déni de justice, et 3 000 euros pour les frais de justice.
Cette dernière était régulièrement livrée à un "ami" pédophile de ses parents qui la violait sous le toit familial, raconte Le Parisien.
Tant que j’étais chez mes parents, la seule chose dont j’avais envie, c’était de mourir. Chez eux, je n’ai jamais été heureuse. J’étais frappée, insultée…
Soutenue par sa tante qui l'a adoptée, elle a porté plainte contre l'État pour inaction, estimant que les services publics (sociaux, gendarmerie etc...) ne l'avaient pas assez protégé malgré une quinzaine de signalements.
Je voudrais simplement que la justice reconnaisse ses erreurs pour que le système change. S’il avait fonctionné normalement, je n’aurais jamais subi tout ça…témoigne-t-elle dans le quotidien.
Ses parents, qui l’empêchaient de parler et la menaçaient, ont été condamnés à deux ans de prison avec sursis pour la mère et trois ans dont six mois ferme pour son époux. La mère de Karine J. avait déjà été condamnée à huit ans de prison pour avoir tué un précédent enfant de plus de 130 coups de couteau.
L'agresseur de 65 ans, lui, a été condamné à trente ans de réclusion criminelle en juillet dernier.
La justice dépassée
Dans un courrier auquel Europe 1 a pu avoir accès, le président du tribunal de Rennes a reconnu une défaillance et alerte sur de possibles récidives par manque de moyen.Il pointe du doigt un "déficit important" de juges pour enfants dans sa juridiction face à une "une charge de travail insupportable".
"Ils travaillent sans relâche, presque toujours dans l’urgence absolue, parfois sans assistance de leur greffier, ils sont totalement investis dans leur profession. (...) Ils ont parfaitement conscience qu’ils ne peuvent, malgré l’intensité de leur engagement, éviter que des situations telles que celle qu’a connue Karine J. se reproduisent", regrette le magistrat.