Source : France 5
En France, sur une population carcérale d’environ 70 000 détenus, près de 30% sont des « prévenus », autrement dit des personnes en détention provisoire. Soupçonnés d’avoir commis un crime ou un délit, elles sont incarcérées pendant l’instruction de l’affaire.
Chaque année, des citoyens innocents sont incarcérés à tort pendant des jours, des semaines voire des mois, avant d’être libérés sans même être jugés car la justice, entre-temps, s’est rendue compte de son erreur.
Ainsi, en 2015, 576 personnes ont bénéficié d’un non-lieu après avoir été incarcérées. D’autres innocents restent détenus jusqu’à leur procès... où la justice les libère après les avoir acquittés.
De nombreux anonymes, dont le calvaire n’est pas médiatisé, connaissent l’injustice de la justice. Ces innocents sont jetés en prison pour des délits qui vont de la simple escroquerie au crime de sang, en passant par le braquage ou l’agression sexuelle. Durée moyenne de leur incarcération : sept mois. Certes, ils recouvrent un jour leur liberté, mais leur incarcération, quelle que soit sa durée, laisse des traces inoubliables. Même après avoir été innocentés, les victimes d’incarcération abusive restent à perpétuité des « mis en cause ».
Ce documentaire donne la parole à quatre victimes incarcérées à tort pour des crimes qu’elles n’ont pas commis afin d’essayer de comprendre ce qu’elles ont vécu mais aussi les dysfonctionnements de notre système judiciaire.
En novembre 2016, Eric, 43 ans, professeur des écoles, marié et père de quatre enfants, a été accusé de viol sur une fillette de quatre ans. Mis hors de cause par des expertises ADN, il se bat toujours pour obtenir un non-lieu. Eric a passé 126 jours en prison, un calvaire quand on est soupçonné de crime sexuel sur mineur.
Alain a passé 180 jours derrière les barreaux pour trafic de drogue et blanchiment d’argent. Après sa libération il lui fallu plus de trois longues années pour enfin être relaxé. Son entreprise a fait faillite, son nom sali, il n’a jamais pu retravailler normalement.
Christian, artisan breton, soupçonné dans une affaire de braquage, a été emprisonné pendant deux semaines mais il est resté plus de cinq ans ans sous contrôle judiciaire avec l'interdiction de quitter son département. Il a finalement été relaxé.
Malek, psychiatre, a été accusé de trafic de faux papiers en bande organisée et aide au séjour.
Il a passé 45 jours à la prison des Baumettes à Marseille. Ce n’est que cinq ans plus tard que la Justice a reconnu son erreur mais l’homme est resté brisé par son incarcération.
Après la diffusion du documentaire, Marina Carrère d'Encausse propose un débat qui reviendra sur les conditions dans lesquelles de tels errements judiciaires peuvent se produire. Quels sont les droits des personnes mises en examen ? Quel est le quotidien des magistrats qui décident de la privation de liberté ? Comment la loi définit elle à partir de quel moment et dans quelles conditions pour les nécessités de l’enquête seule une incarcération préventive est nécessaire ? Quelle est la définition d’une erreur judiciaire ? Quels sont les recours contre une incarcération abusive ?
Pour répondre à ces différentes questions, quatre invités dont Yves Charpenel, premier avocat général à la Cour de cassation, chargé des affaires dans lesquelles des innocents injustement mis en examen et pousuivis font des demandes d'indemnisation, Eric Peclet, témoin dans le documentaire qui parlera, notamment de l'avancée de son dossier, Hervé Témine, avocat pnaliste et instigateur du site Presumeinnocent.org et fervent défenseur de la présomption d'innocence, Jean-François Lhérété, témoin et Imen Ghouali, journaliste Police justice.