Article publié le 15/09/2017
Source : Agoravox
« Dans l’histoire de la justice française, je pense qu’il n’y a pas un seul exemple de la révélation d’une pièce scientifique aussi flagrante qui n’a suscité aucune réaction judiciaire. »
- Maître Llorente, avocat d'Éric et spécialiste des erreurs judiciaires -
On connaît les scandales des accusés à tort par la
dictature de l’émotion (Outreau, Loïc Sécher, Christian Iacono entre autres.)
Depuis le 19 novembre 2016, Eric P, instituteur de classe maternelle à Genlis
fait partie de cette malheureuse compagnie. Mais il y a une nouveauté plus
surprenante pour Eric P. : La dictature de l’émotion a trouvé un nouvel
allié : le bouc émissaire.
Rappelons l’historique des malheurs qui se sont abattus
sur Eric P. depuis novembre 2016.
Le jeudi 17 novembre 2016, Eric P., instituteur de
maternelle à Genlis dans la Côte d’Or, est accusé d’un viol sur une petite
fille de 4 ans pendant ses heures de classe du lundi 14 novembre. Placé en
garde à vue pendant 48 heures, il est jeté en détention provisoire pendant plus
de 4 mois (libéré le 24 mars 2017) puis placé sous contrôle judiciaire à plus
de 450 Kms de son domicile avec interdiction de se rendre dans la Côte d’Or où
sa femme et ses quatre enfants résident
(http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/cote-professeur-ecoles-suspendu-titre-conservatoire-genlis-1143579.html).
Or de nombreuses preuves innocentent Eric P. et sont
susceptibles de mettre en accusation un membre de la famille de l’enfant.
1 - Le lundi 14 novembre 2016, jour de la prétendue
agression par l’instituteur, il y a tout simplement impossibilité matérielle du
viol en classe vu le temps de quelques minutes pendant lequel Eric P. est resté
seul avec les enfants, en groupe de surcroît au moment du vestiaire avant de
quitter l’école. Le témoignage de l’institutrice qui s’occupait des enfants au
côté d’Eric P. pendant toute la journée confirme cette impossibilité matérielle
au niveau du temps, du lieu et du groupe d’enfants. Il a été confirmé par
ailleurs que l’enfant était souriante à la sortie de la classe.
2 - Une expertise des sous-vêtements de l’enfant est
ordonnée. Or, surprise ! Cette expertise conclue à l’absence de l’ADN
d’Eric P. sur les sous-vêtements de l’enfant. Voilà donc qui innocente
l’accusé ! D’autant plus que cette même expertise met en évidence la
présence d'une tache de sperme d’un membre de la famille de l'enfant sur la
petite culotte avec en son centre une tache de sang de l’enfant. Le résultat de
l’expertise est connu en mars 2017.
La preuve de l’innocence d’Eric P. devient flagrante. On se
dit que son calvaire va prendre fin et que l’enquête va s’orienter rapidement
sur les membres de la famille afin de protéger l’enfant.
Mais bien au contraire, le juge d’instruction laisse Eric P.
sous le statut de « Mis en examen » sans que la moindre enquête soit
diligentée dans le cadre familial. Il émet l’hypothèse d’une pollution des
vêtements de l’enfant dans une corbeille de linge sale. Or, la tache de sperme
relevée sur la culotte de l’enfant fait tout de même la taille de 7 cm sur 2,5
cm. C’est à croire que dans cette famille, il y a beaucoup de sperme dans le
linge sale pour en arriver à polluer de cette façon un vêtement aussi petit
qu’une culotte d’enfant de 4 ans !
3 - Le juge d’instruction a demandé une contre expertise.
Les résultats, connus le 12 septembre 2017, confirment l’absence de l’ADN
d’Eric P. puisque le juge ne le renvoie pas en prison.
Pour la deuxième fois, le bon sens nous dit que le calvaire
d’Eric P. va se terminer là !
Hélas pour lui, le juge maintient sa mise en examen sans
qu’on sache si l’enquête s’oriente enfin sur la famille de l’enfant pour la
protéger d’un prédateur interne à son cercle familial.
Incompréhensible, direz-vous ?
Pour l’avocat d’Eric P, Claude Llorente « Dans
l’histoire de la justice française, je pense qu’il n’y a pas un seul exemple de
la révélation d’une pièce scientifique aussi flagrante qui n’a suscité aucune
réaction judiciaire. »
Il ajoute « Tout cela est d’une violence folle :
il y a une personne qui a fait du mal à une enfant et ce n’est pas mon client.
Cette même personne, qui a fait du mal à une enfant, fait porter la faute sur
un autre. Je demande que l’enquête sur l’auteur présumé de la tache de sperme
se fasse le plus rapidement possible. D’abord, cela protégera la petite.
Ensuite, cela innocentera totalement mon client ».
Mais l’on sait aussi que la mère de l’enfant exerce la
fonction de gendarme et qu’elle a elle même interrogé sa fille pour déterminer
l’agresseur avant de dénoncer celui-ci. Certaines questions peuvent donc être
posées sur la parole de l’enfant qui a pu facilement être manipulée. Mais cela
n’a probablement pas d’importance pour la dictature de l’émotion !
Alors, pour Eric P., on est en droit de se demander si le
statut de bouc émissaire ne s’est pas ajouté à celui d’accusé à tort par un
malheureux hasard ou une collusion fortuite ?